Entretien avec Christian Vernou, Musée archéologique de Dijon
« Les collections du musée archéologique sont présentées dans l'aile principale de l'ancienne abbaye bénédictine Saint-Bénigne. A la puissance de l'ancienne salle capitulaire et du scriptorium (niveau 0) du début du XIe siècle, s'oppose l'élégante légèreté du dortoir des moines (niveau 1) construit à la fin du XIIIe siècle. Des salles plus récentes (niveau 2) et un escalier du XVIIe siècle complètent cet ensemble. Vous est présenté un vaste panorama de la présence de l'homme en Bourgogne, de la Préhistoire au Moyen-age, avec les sites incontournables de la région : Dijon, Alesia, Les Bolards, les Sources de la Seine, Vertault, Mâlain... » (texte de présentation du musée). En savoir plus : www.dijon.fr/fiche/musee-archeologique.dos.38.php |
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Nicolas Blémus : Ma première question, sans doute assez naïve, porte sur les objets que l’on peut voir dans les musées archéologiques : est-ce que ce sont des œuvres d’art ?
Christian Vernou, Conservateur en chef, directeur du Musée archéologique de Dijon :
NB : Expliquer les conditions de vie, c’est ce que vous faites dans l’exposition permanente en donnant à voir les objets suivant différentes approches : celle de l’histoire, celle de l’histoire des techniques, celle de l’histoire de l’art aussi… Mais qu’est-ce qui sous-tend alors la présentation des objets, qu’est-ce qui tient le tout ?
Christian Vernou :
NB : En plus de présenter des objets archéologiques, vous donnez à voir la discipline elle-même au moyen de reconstitutions de fouilles et de l’explication des techniques contemporaines utilisées. C’est quelque chose qu’on ne voit pas dans les musées de Beaux-arts ou d’histoire, où il n’y a rien sur les méthodes de recherche de ces sciences… Quels sont les objectifs de cette mise en exposition de l’archéologie elle-même ?
Christian Vernou :
NB : Puisque nous avons déjà commencé à en parler, pourriez-vous nous expliquer le parcours qui s’offre au visiteur ? Il me semble qu’il est assez complexe à comprendre, dans la mesure où d’une part ce parcours n’est pas vraiment chronologique, et où d’autre part l’époque à laquelle se rattache chaque niveau du bâtiment historique qu’occupe le musée (niveau 0 composé d’une salle capitulaire et d’un scriptorium du XIe siècle, niveau 1 datant du XIIIe siècle, niveau 2 composé de salles modernes) n’est pas toujours en adéquation avec l’époque des objets qui y sont exposés. Quelles sont les raisons théoriques mais peut-être aussi pratiques qui expliquent cet agencement ?
Christian Vernou :
NB : Occuper un bâtiment historique a donc ses inconvénients, mais n’y a-t-il pas aussi matière à médiation ? Car finalement, les murs du musée ne sont-ils pas eux aussi exposés ?
Christian Vernou :
NB : Au fil de cet entretien, il a beaucoup été question de démarches explicatives. Mais avec le développement d’une certaine tendance à réaliser, il me semble, des expositions toujours plus spectaculaires, ne peut-on pas penser que les musées archéologiques risquent de glisser vers l’esthétique au détriment du pédagogique ? En d’autres termes, et pour revenir sous une autre forme à ce qui était ma première question, ne pensez-vous pas que les musées archéologiques vont de plus en plus présenter leurs collections comme des œuvres d’art, et non plus tant comme des objets de la vie quotidienne de civilisations anciennes ?
Christian Vernou :
Entretien réalisé par Nicolas Blémus, le 23/03/09